Que se passera-t-il lorsque les
ressources en eau se feront vraiment rares ? Il est encore possible pour
nous, chanceux occidentaux, de prendre cette réflexion avec une naïve
désinvolture. La palme du cynisme, elle, échoit à un fin connaisseur de
cette problématique, Peter Brabeck.
Il s’agit du président du CA de
Nestlé, le plus grand groupe agro-alimentaire mondial, possédant aujourd’hui 70 marques d’eau en bouteille,
secteur engendrant le plus de bénéfices pour le groupe suisse. L’eau
pourrait bien selon lui, « garantir encore cent quarante ans de vie » à
l’entreprise lancée dans une stratégie mondiale de monopolisation d’une
des ressources les plus élémentaires de l’humanité.
Arte
diffusera ce soir un documentaire édifiant sur la stratégie de Nestlé
pour s’accaparer le monopole du commerce de l’or bleu.
Nestlé, la main mise sur le marché de l’eau en bouteille :
Depuis
1992 et le rachat du groupe Perrier, Nestlé a connu une croissance
exponentielle sur le marché de l’eau en bouteille, jusqu’à devenir le
numéro un mondial.
Rien que pour la
France, la marque suisse et sa branche Nestlé Waters dispose d’une
couverture commerciale énorme. Pour preuve, parmi ces noms familiers des
consommateurs français, le nombre d’occurrences appartenant à la marque
: Quézac, Contrex, Perrier, Hépar, Plancoët, Sainte Alix, Saint
Lambert, Vittel, Carola, Aquarel et Nestlé Pure Life.
Une pub pour le fleuron de la marque, Nestlé Pure Life, ici au Pakistan... |
La stratégie du chasseur d’or bleu Nestlé :
Exemple
de la méthode Nestlé : aux Etats-Unis, c’est avec Poland Spring que
Nestlé inonde le marché. Dans le Maine, sur les exploitations privées
exploitées par la firme, 10 $ sont versés aux propriétaires pour 30 000
litres d’eau pompées. Quand la bouteille de 50cl peut être vendue
jusqu’à 2 $ au consommateur, pas étonnant avec de telles méthodes que
les résultats financiers de l’entreprise de Vevey soient en hausse
constante… 7,2 milliards d’euros en 2010 seulement pour la filière
Nestlé Waters.
Ainsi, ce documentaire permettra d’y voir plus clair sur les méthodes aggressives de Nestlé pour s’approprier le monopole du commerce de l’eau à l’échelle planétaire.
Tout part de cette question : à qui appartient l’eau ? Nestlé profite
du vide juridique entourant cette interrogation, arguant que l’eau est
un bien consommable comme un autre, et donc commercialisable.
Aux
Etats-Unis toujours, la stratégie marketing de Nestlé consiste à
décrédibiliser l’eau du robinet pour placer ses produits, qui peuvent
être livrés à domicile, plus écologiques (malgré l’acheminement, entre
autres), et plus surs pour la santé (à condition d’en boire beaucoup,
bien sur).
Le problème tient bien à
la méthode, Nestlé débourse des sommes considérables pour exploiter son
filon : acheter des terrains ou payer les propriétaires pour pouvoir
installer ses infrastructures de pompage. Exemples on ne peut plus
marquant au Pakistan, près de Lahore où l’entreprise a installé une
usine Pure Life et fait baisser le niveau d’une nappe phréatique locale
de 90 mètres en dix ans, exportant ses produits jusqu’en Afghanistan
alors que les populations locales n’y ont pas accès. Dans les pays du
Tiers-Monde, Nestlé est présent également, exploitant l’eau des nappes
phréatiques pour en faire un commerce juteux, destiné uniquement aux
classes aisées…
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