Illumination et Libération
En réalité, il n'y a qu'une Vérité et les mystiques de tous les âges
ont toujours trouvé la même vérité. C'est une Conscience Universelle et
qui peut être expérimentée durant la méditation.
La Conscience Universelle n'est pas bouddhiste, mais infinie. L'infinité de l'espace n'est pas bouddhiste mais infinité."
(Bouddhisme Théravada - auteure de "Etre une île" Editions Dharma) ...
La Conscience Universelle n'est pas bouddhiste, mais infinie. L'infinité de l'espace n'est pas bouddhiste mais infinité."
(Bouddhisme Théravada - auteure de "Etre une île" Editions Dharma) ...
Tant
qu’un aspirant n’est pas parvenu à un certain degré d’illumination, sa
pratique spirituelle ne peut pas réellement commencer. Il ne comprendra
ni ce travail ni ce qui est en jeu pour lui. Il demeurera simplement
prisonnier d’idées fantastiques et d’imaginations sur la spiritualité
provenant de son moi ordinaire et ne contenant aucune vérité. Au mieux,
ses conceptions ne représenteront qu’un ensemble de spéculations
intellectuelles sur l’énigme de son être et de son existence, sans doute
élaborées avec de bonnes intentions, mais qui s’avéreront sans rapport
avec la réalité. Finalement, cela ne le mènera pas plus près de la
réalisation de sa véritable nature et d’une compréhension correcte du
sens caché de la vie et de la mort.
Ne pas chercher de résultats
Bien
qu’il soit absolument vrai que le chercheur doive lutter au début pour
atteindre l’illumination, il est aussi extrêmement important pour lui de
comprendre que, paradoxalement, il ne doit, en aucune circonstance,
pratiquer ses exercices spirituels avec l’intention consciente ou
inconsciente d’obtenir des résultats. Il doit faire très attention à ne
pas rechercher — peut-être même inconsciemment — des phénomènes
inhabituels ni attendre constamment des résultats ou projeter son
imagination sur ce qu’il pense que l’illumination puisse être. De telles
attitudes constituent certainement des empêchements à ses efforts qui
seront continuellement colorés par les désirs et les fantaisies de son
moi ordinaire qui interfère au lieu de s’écarter. Il doit apprendre, en
particulier au début de sa pratique, à se concentrer sur l’objet de sa
méditation pour l’amour de le faire et pour nulle autre raison.
Généralement,
lorsqu’ils méditent, la majorité des gens perdent patience sans en
avoir conscience et relâchent l’intensité de leur concentration à
l’instant même où ils devraient plus que jamais poursuivre et plonger
toujours plus profondément en eux-mêmes. Ainsi, ils ne sont jamais
capables de franchir un certain seuil en leur être. Cependant, ceci ne
doit pas être mal compris ; ce n’est en aucune façon une incitation à
être brutal dans ses tentatives ni à utiliser la violence dans un
travail aussi sacré qui, tout au contraire, réclame une approche des
plus délicates et une compréhension des plus subtiles. Bien qu’il soit
vrai que l’effort doive être très ferme et soutenu, en même temps, comme
dit précédemment, il doit être extrêmement doux et tranquille,
accompagné par l’abandon simultané de soi-même.
Les moyens de pratique
pour arriver à reconnaitre une conscience subtile, vaste lumineuse que l'on porte en soi sans le savoir.
L’essentiel
est d’arriver à expérimenter, et à reconnaître, avec une certitude
absolue, une conscience sublime en soi, une conscience subtile, vaste et
lumineuse que chaque être porte sans le savoir au plus profond de
lui-même.
Il
est important de réaliser le fait qu’il existe différents degrés
d’illumination, depuis un petit changement d’état d’être et de
conscience, qui peut échapper au chercheur au début de sa manifestation
en lui, jusqu’à la plus haute et tellement rare expérience au
cours de laquelle il reconnaît, sans doute possible, l’Ineffable qu’il
porte en lui.
L’illumination
peut, après un temps plus ou moins long de pratique de la méditation,
se manifester parfois d’une manière très subite et au moment le plus
inattendu (tout dépend des niveaux d’être et de conscience du méditant),
ou lentement, par étapes, comme une subtile modification d’état d’être
et de conscience, accompagnée du début d’un éveil intérieur qui, au
premier abord, peut demeurer incompris de l’aspirant.
Cette
modification de sa conscience et de son être, lorsqu’elle
s’approfondit, l’amène à éprouver la sensation d’un grand Vide
déconcertant qui, au commencement, peut lui donner l’impression erronée
d’être une obscurité totale dans laquelle il va se trouver englouti.
Toutefois, comme il le découvrira ultérieurement, cette vacuité n’est
certainement pas le “néant” qu’il croyait être au début de sa
manifestation en lui.
Ce
n’est que par une pratique assidue de la méditation — à laquelle
s’ajoutent divers exercices de concentration qu’il doit, malgré le refus
qu’il va rencontrer en lui, consentir à effectuer dans le mouvement
même de sa vie active — qu’il lui est possible d’aller au delà de
lui-même et de toucher cette autre forme de conscience dont on ignore
d’ordinaire l’existence, une Étendue de Conscience Immaculée par rapport
à laquelle sa conscience coutumière, qu’il prenait jusqu’alors pour
être la seule concevable, peut être comparée à celle d’un simple insecte
ou, au mieux, à celle d’un singe !
S’il
est vraiment parvenu à expérimenter en lui cette Conscience Lumineuse —
qui, jusqu’alors, demeurait dans la pénombre, dissimulée par les brumes
de son moi profane —, il se produira alors en son être et dans sa vie
un renversement tel que tout ce qu’il considérait dans le passé comme
étant si important et cher à ses yeux, et qui accaparait tout son être
et toute son attention, sera désormais envisagé sous un autre éclairage
et perdra du coup son emprise sur sa psyché.
Il
s’avère néanmoins nécessaire de préciser qu’avant d’accéder à une telle
réalisation, il peut arriver à un aspirant de toucher, durant les
efforts qu’il fournit pour demeurer concentré, un avant-goût de cette
autre qualité de conscience, un avant-goût qui, s’il n’est pas assez
avisé, peut lui faire croire qu’il a atteint le but de sa quête — ce
qui, d’ailleurs, est, pour de nombreux chercheurs, l’origine de bien des
illusions et la cause d’égarements. En effet, ce n’est pas parce qu’il a
pu goûter un petit changement de conscience qui l’a élevé que
l’aspirant peut s’autoriser à le prendre pour un fait accompli et à
s’installer sur ce qu’il pense avoir acquis.
L'unification du corps, de l'esprit et du sentiment
Cette
modification de sa conscience, si vitale pour lui permettre de
découvrir qui il est réellement — c’est-à-dire de connaître sa Véritable
Nature —, ne peut se produire en lui avant qu’au moins un certain degré
d’unification ne s’opère entre son esprit, son sentiment et son corps,
une trinité qui, d’ordinaire, se trouve pitoyablement désunie, chaque
partie vivant dans le monde qui lui est propre et, d’une certaine
manière, ignorant même l’existence des deux autres !
Afin
que cette unification des trois constituants de son être puisse se
réaliser, c’est précisément l’esprit du chercheur qui doit d’abord
s’éveiller de sa torpeur coutumière et commencer à devenir activement
présent — alors que, généralement, il n’est que passivement présent—,
car ce n’est que lorsque l’esprit est devenu suffisamment éveillé et
activement présent qu’il peut se relier avec le sentiment. Or, comme la
plupart de ses semblables, l’aspirant vit trop dans sa tête et, par
conséquent, il est coupé de son sentiment, alors qu’il en a un besoin
impératif pour l’élever et le soutenir dans les efforts qu’il lui faut
nécessairement exercer sur lui-même s’il espère pouvoir un jour
découvrir ce qui se trouve enfoui au fond de son être, sa
Nature-de-Bouddha, qui est en réalité l’Infini en lui.
Ce
n’est qu’en atteignant un certain degré dans l’intensité de sa
concentration qu’il peut espérer se défaire de son individualité
coutumière pour pouvoir rejoindre en lui un tout autre état d’être et de
conscience que celui qu’il connaît communément. Il sera alors
soudainement mis face à la nécessité de consentir à ce qui lui paraît
être une troublante perte de lui-même pour pouvoir se fondre dans
l’Infini qui l’appelle. À cet instant crucial, où l’enjeu est tellement
considérable pour lui, il peut ressentir un inexplicable refus
d’accepter cette plongée en lui-même (une plongée dans ce qui lui paraît
être un étrange néant inquiétant). Et même s’il est parvenu à dominer
cette résistance intérieure, il découvrira qu’il ne peut rester dans ce
nouvel état qui, au début, est trop fragile à maintenir. Aussi, à chaque
tentative pour replonger en lui-même, il ne pourra, malgré lui, que
rebondir à la surface de son être où, à sa tristesse, il se retrouvera
tel — ou pratiquement tel — qu’il se connaît d’ordinaire. L’habitude et
certaines de ses tendances non transformées l’appesantissent toujours ;
il réalisera alors qu’il n’a pas encore gagné le droit de demeurer dans
le sanctuaire de son Monarque Céleste.
Illumination n'est pas libération
En
effet, pour la grande majorité des chercheurs, l’illumination (pour
autant qu’ils y parviennent) ne signifie que le début de ce difficile
voyage vers leur émancipation. Autrement dit, l’illumination n’est que
le commencement d’une vie de travail et d’étude, car le chercheur ne
doit pas oublier d’où il est parti : ses tendances non transformées
ainsi que ses appétits sexuels et ses autres désirs vont encore et
encore dresser leurs têtes affamées et le harceler.
Même
s’il décide de se couper entièrement du monde, il s’apercevra que, tôt
ou tard — à moins d’être une rare exception —, il sera contraint de
sortir de sa retraite, aussi bien pour satisfaire les exigences de ses
divers désirs que poussé par la nécessité de mettre son travail
spirituel en pratique dans la vie active également.
Si,
après avoir découvert l’aspect lumineux de son être, il n’arrive pas à
susciter en lui le désir sincère de connaître aussi la face sombre de sa
nature — s’imaginant peut-être qu’en vertu des expériences spirituelles
élevées qu’il a connues, ce n’est plus nécessaire —, il rendra alors
son émancipation très incertaine, sinon impossible.
La
découverte du Sublime en lui ne signifie pas la libération immédiate de
l’esclavage de sa nature inférieure. Il ne doit pas mal utiliser cette
lumière divine en ne cherchant qu’à se retirer dans la félicité de son
oasis céleste.
Si,
sans en comprendre réellement les implications, un aspirant demeure tel
qu’il est, alors, chaque fois qu’il essaiera à nouveau de toucher ces
états supérieurs, ils ne seront que de courte durée et, sans qu’il en
comprenne la raison, il sera sans cesse rejeté au niveau correspondant à
son degré d’évolution.
S’il
peut rassembler le courage intérieur nécessaire pour affronter
patiemment la vérité de ce qu’il est en lui-même, et souffrir encore et
encore de ses négativités ouvertes ou cachées, de son instabilité et de
sa stupidité, chaque fois qu’il peut se voir tel qu’il est, une
mystérieuse alchimie se produit en lui, créant les conditions justes, et
probablement les seules, permettant sa transformation.
Bien
qu’il puisse parfois découvrir des choses très désagréables sur
lui-même, il devra prendre garde à ne pas les ruminer de façon négative,
en oubliant la lumière qui brille éternellement derrière elles et grâce
à laquelle elles ont été vues.
Source : Article paru dans Le n° 90 de la revue Le Troisième Millénaire. Méditation présence.com
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