Le
climat se réchauffe et les scientifiques commencent à bien connaître
les mécanismes de ce changement rapide, dû aux activités humaines. Mais
quelle est l'incidence climatique de paramètres naturels comme les éruptions volcaniques ? Cette année, la Terre gronde en Amérique du sud, où les volcans Colima, au Mexique, Fuego au Guatemala, Villarrica, au Chili, et Turrialba au
Costa Rica se sont mis en colère, projetant de monstrueux panaches de
cendres qui réfléchissent les rayons du Soleil et refroidissent
l'atmosphère.Cet effet "parasol" ponctuel, aura bel et bien un effet durable sur le climat, comme des scientifiques bordelais et françai viennent de le mettre en évidence.
L'influence des cendres des volcans sur le climat
Les particules émises lors d'éruptions volcaniques majeures, en réfléchissant les rayons solaires, refroidissent l'atmosphère. Cet effet direct qui dure deux à trois ans, est assez bref. Mais quel est l'impact ultérieur de tels événements sur le climat de la planète bleue ? Des chercheurs du CNRS de Bordeaux, de l'IRD, du CEA et de Météo‐France ont découvert qu'ils modifient pendant plus de 20 ans la circulation océanique de l'Atlantique nord, qui relie courants de surface et courants profonds, et module le climat européen. Ces résultats, obtenus en combinant, pour la première fois, des simulations climatiques, des mesures océanographiques récentes et des informations issues d'archives naturelles du climat (glaces et coquillages), ont été publiés le 30 mars dernier dans "Nature Communications".
Les glaces du Groenland, archives naturelles du climat

L'effet "parasol" se projette sur plusieurs décennies
En utilisant des simulations numériques de plus de vingt modèles de
climat différents, les chercheurs ont également mis en évidence que des éruptions volcaniques majeures, comme celle du Pinatubo, aux Philippines, en 1991,
pouvaient modifier en profondeur la circulation océanique de
l'Atlantique nord. En effet, les grandes quantités de particules émises
par ces éruptions vers la haute atmosphère réfléchissent une partie du
rayonnement solaire par un effet similaire à celui d'un parasol, ce qui
entraîne un refroidissement du climat à la surface de la Terre. Ce
refroidissement, qui ne dure que deux à trois ans, provoque alors une réorganisation de la circulation océanique dans l'océan Atlantique nord. Quinze ans environ après le début de l'éruption, cette circulation s'accélère, puis ralentit au bout de vingt-cinq ans, et accélère à nouveau trente-cinq ans
après le début de l'éruption volcanique. Les éruptions volcaniques
semblent ainsi fonctionner, sur la circulation océanique de l'Atlantique
nord, à la manière d'un"pace-maker" qui met en route une variabilité sur 20 ans.
Salinité des eaux et accélération de la circulation océanique
Les scientifiques ont confirmé ces résultats en les comparant avec des observations de la salinité océanique,
facteur déterminant pour la plongée des eaux et donc de la circulation
océanique. Ils ont décelé, dans les simulations numériques et dans ces
observations océanographiques modernes, des variations similaires au début des années 1970 et 1990, liées à l'éruption du volcan Agung en Indonésie, en 1963.
Ainsi, grâce à des observations issues de carotte de glace
groenlandaise, à des recherches effectuées sur des coquillages bivalves,
âgés de plus de cinq cent ans et vivant au nord de l'Islande, et à une
simulation du climat du dernier millénaire, les chercheurs ont pu
systématiquement identifier une accélération de la circulation océanique, quinze ans après cinq éruptions volcaniques ayant eu lieu il y a plusieurs centaines d'années.
L'incidence d'une future éruption majeure

PLUS D'INFO
- Pour lire l'étude "Bidecadal North Atlantic ocean circulation variability controlled by timing of volcanic eruptions", Didier Swingedouw,Pablo Ortega,Juliette Mignot,Eric Guilyardi,Valérie Masson‐Delmotte,Paul G.Butler, Myriam Khodri and Roland Séférian, "Nature Communications", le 30 mars 2015 : cliquer ICI
- Les recherches ont été conduites par le Laboratoire environnements et paléo environnements océaniques et continentaux (CNRS/Université de Bordeaux), le Centre national de recherches météorologiques - groupe d'étude de l'atmosphère météorologique (CNRS/Météo France), le Laboratoire d'océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (CNRS/UPMC/MNHN/IRD) et le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CNRS/CEA/UVSQ) appartenant tous deux à l'Institut Pierre Simon Laplace. Le projet a été financé par l'Agence Nationale de la Recherche via le projet « Groenland vert » du programme Changements Environnementaux Planétaires et Société (2011-2015).
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Publié par Dajaltosa - Source : Cathy Lafon pour Sud Ouest.fr
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