Faut-il, pour se prémunir d'attentats biologiques (toxines bactériennes,
botulisme…) chlorer en permanence des eaux de qualité jusqu'ici
réputées potables sans traitement ? C'est le crédo du
plan vigipirate, il est très discutables.
Les eaux dites “de ville”, disponibles grâce aux réseaux,
dont d’origines diverses puits artésiens (rares, mais quelle eau
!), eaux de sources ou de retenues en montagne, mais aussi eaux de récupération
des fleuves et rivières en zones urbaines. Certaines de ces eaux, très
pures, ne nécessitent pas de traitement chimique ou biologique.
Alors que d’autres, chargées en effluents très divers,
doivent être filtrées, puis traitées à façon
pour les r e n d r e “potables”. Et puis est arrivé le plan
Vigipirate... et soudain notre sécurité, à défaut
de notre santé, s’est rangée sous la protection du dieu
chlore. Car les services de renseignements... forcément bien renseignés,
ont dès 2001 porté témoignage des dangers que pouvait
constituer l’eau potable, vecteur idéal de dissémination
de germes ou de toxines, botulinique en tête. Alors on a demandé
aux biochimistes quelle pourrait être la parade à une telle menace...
le verdict unanyme a été le chlore.
Pour deux raisons D’une part, une dose minimale de chlore, même
parfaitement inutile lorsque les eaux sont de qualité, peut servir
de “premier front” face à une pollution malveillante, soit
en tuant les bactéries vivantes, soit en oxydant des molécules
actives comme les toxines microbiennes.
D’autre part en servant de système d’alerte : en effet, ne
sachant pas d’avance quel type de toxine sera utilisé, on peut
éviter de mettre en service des batteries de tests nombreux et aléatoires,
alors qu’il est bien plus simple de mesurer l’évolution du
taux de chlore... si ce taux diminue d’un coup, c’est que l’action
oxydante a eu quelques microbes ou protéines à se mettre sous
la dent !
Et alors il faut vite en rajouter ! Les oxydants chlorés ont été
préférés à un autre oxydant redoutable : l’ozone.
Car celle-ci, très active localement et au moment du traitement perd
très vite de son activité. Quelques heures, ou quelques kilomètres
de canalisations.
On l’utilise donc plutôt sur des lieux de consommation. Restent
alors les composés chlorés. Eux ont une bonne rémanence.
Trop bonne, même, comme nous allons le voir. Le législateur français
a déterminé un cadre de chloration très précis
: il faut maintenir une concentration minimale en chlore libre de 0,3 mg/litre
en sortie de réservoirs, afin d’obtenir la concentration de 0,1
mg/litre en tout point du réseau de distribution. Ou bien des concentrations
respectives de 0,15 mg/litre de bioxyde de chlore en sortie de réservoir,
pour 0,05 mg/litre en tout point du réseau. Et c’est ainsi que
des dizaines de communes, parfois importantes, jusque là bénéficiaires
d’un apport en eau de qualité, bien sûr non traitée,
se sont vues le temps d’un décrêt d’application, fournir
avec une eau “sécurisée”, au grand dam des administrés.
Car s’il n’y avait que le goût... mais il faut prendre en
compte tous les sous produits de la désinfection...
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