Les secrets de la caféine
Rappel utile : le café ne sert pas qu’à réveiller ou exciter les
humains. Pour la plante qui en produit les grains, la caféine est
notamment une protection contre les prédateurs...
et les concurrents : les biologistes ont depuis longtemps constaté
que les feuilles de cette plante contiennent les «doses» les plus
élevées de caféine, au point où, lorsqu’elles tombent sur le sol, elles
empêchent la croissance d’autres plantes trop proches.
Le thé et le cacao produisent eux aussi de la caféine, ce qui en fait
la «drogue», ou plutôt la substance psychoactive, la plus souvent
consommée dans le monde.
C’est donc à l’origine génétique de la caféine que s’est intéressée
une équipe internationale qui publie ses résultats dans l’édition du 5
septembre de Science. Plus précisément au décodage du génome de Coffea canephora, l’une des deux plus connues et plus répandues, avec Coffea arabica. Et il s’avère que l’origine des gènes qui provoquent le « buzz » est double : deux mutations tout à fait différentes qui se sont produites à deux moments indépendants de l’histoire du vivant.
Dans le cas du café, l’origine se trouve dans un groupe d’enzymes, N-methyltransferase,
qui est derrière une foule de substances produites par les plantes,
dont plusieurs ont cheminé jusqu’à nos pharmacies: l’acide salicylique
par exemple, contenu dans l’aspirine. La caféine dans Coffea canephora est le fruit d’une mutation d’un gène responsable de la production de ces enzymes.
Or, en comparant ce génome avec celui du cacao, ces chercheurs ont constaté que la caféine était issue de deux parcours différents, qui ont pourtant conduit au même résultat.
Il n’est pas rare qu’on découvre une telle chose en biologie de
l’évolution, mais ça pose du coup la question de l’importance de la
caféine dans la nature. Pour que deux chemins aient conduit à la même
chose —les biologistes appellent cela évolution convergente— il
faut que cette chose soit très utile : par exemple, qu’elle donne un
avantage compétitif à l’espèce. Et on ne parle pas ici de l’espèce
humaine qui peut grâce à cela rogner sur ses heures de sommeil...
Source : (Agence Science-Presse) Il doit vraiment y avoir quelque chose
d’important dans le café —pas juste pour nous— parce que les gènes
derrière la caféine ont évolué deux fois....
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