(Ndlr) Avons-nous vraiment pris la mesure de comprendre que nous avons tout, le nécessaire et plus que cela encore ? Mais alors pourquoi notre société précarise-t-elle ? L'absence de volonté ? L'indolence ? Trop de confort ? Non cela n'a peut être rien à voir ou n'explique pas tout, donc ne catégorisons pas trop vite. Il y a les structures, il y a le tissus social, les compétences, des idées, les ressources et l'argent. Mais où en est-on ? Un vieux du village me disait: 'Y' quelque chose qu'à pêté ! Ca va pas éh !" Réagissons vite avant que l'accablement ne laisse place à la colère ! ...
L’INSEE vient de publier son Portrait social de la France. De son côté, le Secours catholique
rend son rapport d’activité pour l’année 2013. Il comporte des données
éloquentes. L’association a aidé, l’an dernier, 1 477 000 personnes,
dont 692 000 enfants. « La pauvreté s’intensifie »,
selon le secrétaire général de Secours catholique. On rencontre
davantage de personnes avec un niveau de vie de plus en plus faible ».
Oui, plus de pauvres et de plus en plus pauvres, tel est l’état de la
France.
En moyenne, les personnes secourues disposaient d’un
revenu de 515 euros par mois et par unité de consommation. On
connaissait déjà la pauvreté des jeunes, victimes d’un marché du travail cadenassé et de la généralisation du précariat. Celle des parents isolés, ces mères qui se débattent entre les heures travaillées et leurs responsabilités familiales : les familles monoparentales comptent pour le tiers environ du total de la pauvreté
en France. Mais le Secours catholique pointe aussi une forte
progression de la pauvreté chez les seniors, en particulier du côté des femmes n’ayant pas suffisamment cotisé
pour disposer d’une pension de retraite décente. Les hommes isolés,
notamment à la suite d’une perte d’emploi et d’une rupture, sont
également de plus en plus nombreux à se retrouver dans des situations
désespérées.
Cette pauvreté est bien souvent invisible,
selon Bernard Thibault, du Secours catholique. Jean-Christophe Guilluy
montré qu’elle s’est réfugiée dans les petites villes de province et le
péri-urbain, largement ignorées des décideurs parisiens.
Florence Aubenas est
l’une des rares journalistes à donner systématiquement la parole à ce
pays des « invisibles », chez qui l’accablement l’emporte sur la colère,
le refus de la politique et l’abstention surpassant le vote
protestataire. Dans le livre qu’elle vient de publier sous le titre « En
France », vous découvrirez cet autre pays - celui où l’on paie des
recruteurs pour faire s’installer des médecins roumains et cubains dans nos déserts médicaux
; où l’ouvrier à la chaîne, autrefois traité d’esclave moderne est
aujourd’hui considéré comme un « privilégié » parce qu’il a un emploi ;
où les cultivateurs sont mis en liquidation, parce que
leurs exploitations demeurent déficitaires, malgré un labeur épuisant ;
où les commerçants exposent des cercueils dans leurs vitrines, pour
protester contre un niveau de prélèvement qui les empêche de se verser un salaire ; où des collégiennes de 15 ans vont jusqu’au bout de leur grossesse parce que « un enfant, c’est déjà ça, toujours quelque chose qu’on a » ; où un ouvrier intérimaire qui apprend, le vendredi soir, qu’il n’est pas repris le lundi matin, s’entend dire que « virer un intérimaire, ça ne s’appelle pas virer » ;
où les ouvrières de la biscuiterie Jeannette, mise en liquidation, ont
pris soin de nettoyer les bureaux que les cadres avaient laissés à
l’abandon, « au cas où quelqu’un viendrait ». Et elles ont bien fait :
leur entreprise vient de redémarrer…
Qu’avons-nous fait
pour transformer, en une génération, un pays qui était relativement
prospère, où le destin de chaque génération était d’améliorer son sort
relativement à celui de ses parents, où la mobilité sociale s’effectuait
généralement vers le haut, et où les systèmes de protection sociale
étaient efficaces et financés, en cette France à deux vitesses dont une moitié agonise
?
Un pays où ceux qui surnagent vivent désormais dans l’angoisse d’être
aspirés à leur tour par le maelstrom de la pauvreté ? Où un pourcentage
ahurissant des jeunes générations n’a plus qu’une idée : s’en aller ?
Comment
expliquer que notre pays, qui redistribue sous forme de dépenses
sociales le plus fort pourcentage de tout l’OCDE (32 % du PIB) soit
incapable de mettre fin au scandale de la pauvreté ?
Comment la France
peut-elle être à la fois la « championne du monde de la dépense sociale » et l’un des pays d’Europe occidentale qui compte où la pauvreté s’accroît ? Bref, où va l’argent ?
Source : Brice Couturier pour France culture
C'est une excellente question : où va l'argent ? Nous savons qu'il y a des fraudeurs comme partout et comme toujours mais il est tellement simple de laisser penser qu'ils sont assez nombreux pour faire pencher la balance du mauvais côté. A l'heure de tout informatisé, il serait tellement simple de faire que les administrations croisent leurs listings afin de débusquer ces personnes. Or on ne fait rien ! Pourquoi ? Parce qu'on se rendrait compte qu'ils ne sont pas aussi nombreux qu'on le pense et qu'il faut bien un bouc émissaire.
RépondreSupprimerOui c'est vrai. Prenons un autre exemple: les contrôleurs de l'Urssaf dans les proches départements de ma région, c'est 2 à 7 personnels par département. La majeure partie de leur temps les occupent à des tâches de contrôle sur des dossiers à simplement mettre en l'état de régularisation. L'Etat dit qu'il n'est pas en mesure d'embaucher !? Si l'on met dans la balance le coût de revient d'un contrôleur (formation+ salaire + charges) et de l'autre côté ce qui peut être récupéré, le calcul est rapidement fait. Des exemples locaux il y en a plein régulièrement sur la presse locale, sur des "auto-entrepreneurs" avisés qui détournent le statut et se dissimulent derrière pour faire du black à outrance et font une concurrence déloyale (alors que le statut est très bien), les marchands non-déclarés, etc, etc... et ce n'est pas rare de voir des chiffres de fraude dépassant le million d'euro... pour 1 département ! Et c'est pareil pour les Caf, les Cpam, etc.... Dans le grand sud ouest, les fichiers sont déjà croisés et ce qui manque c'est bien le personnel. Après à mon avis, cela n'exclut pas la prévention sous toutes ses formes, dans tous les domaines et j 'en suis un fervent partisan ! Elle n'est malheureusement pas populaire (amalgame assistanat ? engagement personnel ?) tandis que paradoxalement la répression est bien décriéE... Ah, l'homme et ses maladies mentales, adhérer à deux idées contradictoires !!!
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