Productions intensives et boycott
C'est hallucinant de voir comment les fruits et légumes sont produits dans ces régions d'Espagne. Je connais bien l'environnement désertique du lieu où il ne pleut que très rarement et pourtant ces productions nécessitent comme nous le savons tous des quantités d'eau énormes....
Serres à San Augustin près d’Almeria, Andalousie, Espagne
Crédit - Yan Arthus-Bertrand
Cette mer de plastique, la plus vaste concentration de serres au monde, n’existait pas il y a 35 ans. Elle couvre désormais près de 40 000 ha. Sur ce qui était à l’origine une savane sèche où paissaient quelques troupeaux, il pleut en moyenne 200 mm par an, une pluviométrie qui fait techniquement de cette partie de la province d’Almería un désert. Les serres froides abritent une production fruitière et surtout légumière intensive qui utilise un mètre cube d’eau par m2 et par an, c’est-à-dire 4 à 5 fois plus que ne fournissent les rares pluies. Les plants poussent sur un substrat artificiel à base de sable, recouvert d’un plastique noir et alimenté en eau par des forages dont la moitié ont été installés de façon illégale, et dont certains puisent dans des nappes fossiles. L’équilibre environnemental est bouleversé, d’autant que le sol est pollué par les engrais, pesticides et fongicides utilisés pour une cadence de rendement accélérée. Le manque d’eau ou la salinité croissante, et l’exploitation d’une main-d’œuvre bon marché, immigrée et souvent sans papiers, montrent les limites de ce système. Aujourd’hui l’Espagne compte près de 100 000 ha de cultures sous serres et dans le marché international agricole, l’Andalousie est la première zone exportatrice de produits maraîchers et primeurs pour l’ensemble de l’Europe.
La fondation Good Planet
GoodPlanet, association créée en 2005 par Yann Arthus-Bertrand, a pour mission de sensibiliser et d'éduquer le public à la protection de l'environnement. Elle est devenue fondation reconnue d'utilité publique en juin 2009, ce qui lui permet d’inscrire ses activités dans la durée.
Un exemple bien concret
Le BOYCOTT est une solution qu'il est raisonnablement possible de mettre en oeuvre.
Nous avons les MARCHES LOCAUX ... il y en a partout, MEME DANS LES VILLES... ou la possibilité de choisir en connaissance de cause et éviter les produits les plus toxiques pour l'écologie avec des listes comme celles établies par Consoglobe.
Informez-vous comme ici ! L'observatoire des multinationales
Maintenant, 3 raisons de boycotter les fraises espagnoles
Des fraises en France à peine l’hiver terminé issues des cultures intensives du sud de l’Espagne.
La fraise d’Espagne n’est pas une variété sauvage mais un hybride. Ces
fraises résultent en effet d’une hybridation entre la fraise sauvage
européenne (Fragaria vesca) et les variétés de fraises américaines
(Fragaria chiloensis et Fragaria virginiana). La production de cette
fraise espagnole a commencé de façon expérimentale dans les années 1960
avant de se généraliser.
Une plaie pour l’environnement
Vu d’avion, c’est un parterre interminable de serres en plastique à
perte de vue. La région de Doñana au Sud de l’Espagne est depuis les
années 1960 le royaume de la fraise. 4500 à 6000 hectares sont réservés à
cette culture et donnent chaque année 40 à 50 tonnes de fraises par
hectare. A elle seule, la région assure 60 % de la production de fraises
espagnoles dont 100 000 tonnes sont exportées chaque années, et 35 %
vers la France.
Problème : pour assurer cette production de masse, la culture de
fraise fait appel à des méthodes intensives désastreuses pour
l’environnement. D’ailleurs les producteurs ne se gênent pas pour
étendre encore leur territoire, quitte à empiéter en toute illégalité
sur le parc national : 450 hectares faisant partie de cette zone
protégée ont déjà été colonisés par la fraise espagnole.
Des nappes phréatiques siphonnées
La production de fraises dans la région de Doñana pompe à elle seule
20 millions de mètres cubes d’eau par an, ce qui représente un tiers des
réserves en eau de la région.
Conséquence : le niveau des nappes phréatiques diminue de façon
alarmante et certaines réserves d’eau sont déjà asséchées. Les
conséquences sur l’équilibre écologique de la région ne se font pas
attendre et l’association WWF (World Wild Fondation) dénonce une menace
sur la biodiversité. La végétation qui a besoin d’humidité a déjà fait
les frais de la sécheresse provoquée par la culture des fraises et
commence à disparaitre.
Le plastique, pas fantastique
Pour pouvoir produire des fraises quasiment toute l’année les
producteurs utilisent des bâches de plastique à la saison froide. Au
total, ce sont près de 4500 tonnes de plastique qui sont utilisées
chaque année. Des déchets qui sont censés être collectés et recyclés
mais qui se retrouvent parfois inopportunément dans la nature…
Des fraises riches en pesticides mais pauvres en goût
Le mode de production hors-sol favorise les moisissures, d’où
l’utilisation généreuse de fongicides, mais aussi d’insecticides. En
France, l’analyse en 2005 de 112 échantillons par la Direction G énérale
de la Concurrence, la Consommation et la Répression des Fraudes a
révélé des traces de pesticides dans 76% des barquettes, dont 16%
au-dessus des limites autorisées. Mais en réalité, des résidus sont
retrouvés dans la quasi-totalité des fraises espagnoles, au total 105
molécules différentes, selon une étude allemande. La moitié des
détections porte sur 5 d’entre elles : le cyprodinil, le fludioxonil, le
fenhexamide, le tolylfluanide et l’azoxystrobine.
Quelles conséquences sur la santé ?
Ces pesticides sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens
et d’avoir des effets sur la reproduction humaine et le développement
fœtal.
Tout ça pour quoi ?
Pour des fruits la plupart du temps dépourvus de goût. Cela en vaut-il vraiment la peine ?
Une main d’œuvre précaire et sous payée
Les fruits provenant de cette région sont récoltés par des ouvriers
agricoles maghrébins, certains entrés illégalement, qui reçoivent un
salaire de misère et vivent dans des conditions déplorables. Depuis
2000, la région est périodiquement le théâtre d’actes racistes et même,
de véritables «ratonnades » comme en octobre 2005, quand un groupe
d'Espagnols cagoulés et armés de pistolets a investi une petite
exploitation agricole dans la localité de Nijar. Bilan : trois blessés
dont un par balle. En février 2000, une véritable chasse à l'homme avait
été menée pendant 3 jours contre les travailleurs marocains, et s’était
soldée par une soixantaine de blessés, la destruction de logements et
d'une mosquée. En août 2003, des hommes circulant la nuit en voiture
armés de battes de base-ball ou de barres de fer s’en étaient pris à des
ouvriers agricoles.
L’exposition aux pesticides n’est pas sans risque pour ces
travailleurs et Claude-Marie Vadrot dénonçait dans Politis l’explosion
de maladies pulmonaires et d’affections de la peau chez ces saisonniers
sous-payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le
soir en brûlant les résidus des serres en plastique. Et tout ça, pour
un salaire moyen de 36 euros par jour…
C'est effarant !
RépondreSupprimerEt cette manie qu'ont pris les consommateurs de manger des fruits et légumes hors saison aggrave encore les choses. Fraises et tomates au mois de décembre alors que nous avons de bons producteurs français de pommes, carottes, navets, choux... De plus le transport coûte de l'énergie et on aggrave encore les problèmes de climat. Je ne saurais trop le répéter : dans la mesure du possible, achetons local et de saison.
et d'ailleurs ce matin au marché, de biens belles salades encore de saison, joli coeur et feuilles bien grasses, les trois pour 2 € 50 ! Pur bonheur !
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