Oui. Mais parfaitement admissible : 8 boycott à mettre en oeuvre de suite
L'appel au boycott est-il illégal ? Nous pourrions nous contenter de croire le boycott légitime mais il est bel et bien interdit en France et la Loi est claire. Bien sur, et heureusement, il est possible de lire entre les lignes et d'user de ce mode d'action comme d'un véritable contre-pouvoir. D'un autre côté, alors qu'une trop brève réflexion peut laisser croire à son inefficacité, une goutte d'eau dans l'océan, les nombreux exemples des victoires de l'histoire nous démontrent le contraire. Petite revue de presse et actions c'est maintenant ...
Une définition du boycott dit que c'est le fait de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées justes (je rajoute la précision écologiques et équitables)
Origine moderne
Le terme BOYCOTT apparait en Irlande en 1880 lors d'une révolte agricole et le nom vient de Charles Cunningham Boycott (1832-1897), intendant d'un riche propriétaire terrien du comté de Mayo, en Irlande de l'Ouest, durant le XIXe siècle. Ce propriétaire traitait si mal ses fermiers que ses produits subirent
un boycott de leur part. Charles Cunningham Boycott fit fortune en
servant l’armée britannique contre son peuple.
Devenu riche et rentré au
pays, il acquit de grandes propriétés dans le comté de Mayo. En
1879-80, alors que l’Irlande était en pleine famine, il exigea un prix
très élevé pour les terres qu’il louait à ses fermiers. La population du comté décida de mettre Boycott en quarantaine et cessa
toute relation personnelle, économique et professionnelle avec lui. Les
fermiers refusèrent de payer et les ouvriers agricoles de travailler,
sacrifiant la récolte d’une saison, ce qui entraîna la ruine du riche
propriétaire.
Mais le boycott est historiquement beaucoup plus ancien que cela, les anti-esclavagistes de la campagne de 1790 ou encore le boycott dees colonies américaines de la Grande-Bretagne pendant la révolution américaine qui a conduit à l’indépendance de 1776.
Le boycott dans notre histoire
Si l'on excepte le cas particulier du boycott antisémite de 1933 en allemagne, les exemples de victoires légitimes sont nombreux.
En Inde en 1930, le Mahatma Gandhi lance un boycott sur les impôts liés au sel, contre l'Empire britannique
Le boycott des bus de Montgomery en 1955 à l'appel de Martin Luther King pour obtenir la fin de la discrimination raciale
Le boycott politique de l'Afrique du Sud pour mettre fin à l'apartheid, à partir des années 1970
Depuis juillet 2005, la société civile palestinienne appelle aux boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) contre Israël
Et plus proche de nous encore, le boycott des producteurs de lait (2010) ou le boycott de coca-cola en Espagne (2014) qui fait massivement chuter ses ventes
Ce que dit la loi
Le juge en France reste souverain et il a tout pouvoir d'interprétation. Ceci expliquant cela, même si les nombreuses jurisprudences ont pu apparaître contradictoires il ressort que le juge reste bien attentif à l'esprit, lutter contre les discriminations.
Deux fondements juridiques permettent de poursuivre des appels au boycott: la loi de 1881 sur la presse qui punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la provocation publique à la discrimination et le code pénal (article 225-2) qui précise qu’«entraver l’exercice normal d’une activité économique quelconque» est bien une discrimination.
Mais précisons que le boycott reste légal tant qu'il s'agit, individuellement ou sous l'appel
d'une organisation légalement constituée, de ne pas consommer les
produits provenant d'une certaine marque affiliée à un groupe
industriel, et à fortiori s'il s'agit d'une catégorie ou d'une origine de produits.
Ce qu'est le boycott
Maintenant tous les discours pour et anti sont admissibles (et entendus). Si la cause n'est pas juste le boycott ne l'est pas davantage, logique non ?
Mode de constestation parfois décrié mais parfois aussi présenté comme l'arme du nombre, le débat pourrait durer et d'ailleurs de nombreux ouvrages existent à ce propos (on peut d'ailleurs voir par exemple le très bon ouvrage d'Olivier Esteves, chargé de recherche au Cnrs, Une histoire du Boycott).
Aujourd'hui avec les moyens de communications de l'internet notamment, grace auquel l'information circule très rapidement, le boycott peut représenter un mode d'action original et assez adapté à quelques protestations de notre société alors même que ce mode d'action fait partie totalement intégrante de la culture des sociétés commerciales.
Alors qu'enfin il peut être repproché au boycott de n'être qu'un outil de domination économique, il n'en est en réalité rien de cela lorsque le consommateur devient consom'acteur et qu'il s'affranchit dès lors de toutes les contraintes de structures et de légalités quiviendraient autrement ralentir voir annihiler son action.
Alors on fait quoi et comment ?
C'est lorsque la voix de la minorité expressive (plus nombreuse) pourra se faire entendre que la majorité dirigeante (économique et politique moins nombreuses) devra s'accorder.
Réfléchissons bien à cet exemple !
Lorsqu'une entreprise est victime d'un boycott statistiquement
significatif, il ne lui reste plus qu'à changer et à faire une communication, une production, un mode d'action empreint des valeurs réclamées, l'écologie, le social, l'environnement, si tel en est l'objet.
C'est en modifiant (en partie) les sociodynamiques de la société que l'on évitera les grandes oppressions économiques, politiques, écologiques et sociales !
Si l'efficacité reste incertaine comme le dit Olivier Estèves (à entendre lorsque le boycott est mis en oeuvre comme arme unique et ponctuellement) ce n'est bien sur plus le cas si des re-équilibrages continus en de divers domaines sont mis en oeuvre, et particulièrement, apprendre à consommer raisonnable et juste pour ré-ajuster offre et demande, redistribution des énergies, désarmement, éducation humaniste, solidarité mondiale, respect de l'environnement.
Sur la nature des produits à boycotter il n'y a bien sur pas de frontière mais voici quelques grandes idées retenues pour l'impact particulier qu'elles pourraient présenter...
8 Boycott à mettre en oeuvre
1 / Je choisi une alimentation végétarienne
Procédant ainsi j'élimine un grand nombre de souffrances d'animaux, je contribue à une plus grande rationalisation des ressources en eau et des terres agricoles
2 / Je refuse de manger des oeufs de poules élevées en batterie et si le budget ne me permet pas l'achat du bio (plus cher aujourd'hui) je me rends au marché ou j'achète uniquement des oeufs de poules élevées au sol en plein air.
Procédant ainsi je continue de réduire un grand nombre de souffrance animale. J'oblige les producteurs à réviser leurs modes de production et je contribue à la protection des environnements.
3 / Je refuse tous les sacs et emballages de quelque nature qu'ils soient et je m'organise pour le transport des marchandises avec des sacs de productions écologiques et durables.
Procédant ainsi je protège l'océan et je réserve les productions des surfaces de culture pour l'alimentation ou la préservation de milieux naturels.
4 / Je refuse l'achat de fruits et légumes et de boissons issus de productions industrielles et je consomme des produits de saison.
Procédant ainsi je préserve ma santé, je protège l'environnement et je fais la promotion d'emplois durables et mieux rémunérés.
5 / Je consomme des énergies auprès de producteurs d'énergies renouvelables : hydraulique, éolien, photovoltaïque et biogaz électriques.
Procédant ainsi je réduis mon impact CO2 et je protège grandement la planète. Je m'approvisionne auprès de coopératives indépendantes.
6 / Je construis écologique ou j'habite autrement en privilégiant des bâtisseurs éthiques.
Procédant ainsi je protège les forêts, je gagne en philosophie de vie et en vie sociale. Voir habitat participatif et habitat éthique.
7 / Je ne place plus mon argent dans des banques mais dans des sociétés de crowdfunding pour le développement de projets partagés, éthiques et technologiques développés à échelle d'homme pour le bien commun.
Procédant ainsi, je gagne en pouvoir d'achat, je participe au développement de grands projets innovants pour le bien commun et je préserve la planète.Voir ici, § Finance équitable
8 / Je fais de l'alimentation ma première médecine, j'utilise des remèdes naturels et je m'ouvre aux thérapies dites alternatives.
Procédant ainsi j'améliore ma santé, je développe ma spiritualité et j'améliore mes relations avec les autres humains.
Alors évidemment la liste ici n'est pas exhaustive mais c'est à mon sens une déjà très bonne base à exploiter.
Il reste qu'il demeure toujours possible de suivre et de participer aux côtés d'un ensemble d'associations citoyennes tant pour des pétitions (le système fonctionne) que pour des actions de proximité.
A nous de jouer !
Publié par Dajaltosa
J'adhère et pratique en grande majorité le boycott. Mais je n'avais jamais réfléchi aussi à l'impact possible d'un boycott pour nuire à une entreprise. Pour moi, le boycott est un moyen de pression pour faire améliorer les choses dans le sens du respect de l'humain et de l'environnement. Mais ça doit être une démarche qui doit être commune au plus grand nombre. En boycottant, on tape où ça fait mal : au bénéfice. Si un maximum de personne oeuvre dans le même sens, les sociétés seront obligés de plier pour refaire des bénéfices. C'est une force dont on ne se sert pas assez en France.
RépondreSupprimerJe découvre aussi que le boycott serait illégal ???
Oui bien dommage de ne pas s'en servir davantage car c'est véritablement l'arme du nombre. La difficulté de l'engagement réside certainement dans le rééquilibrage à mettre en oeuvre en marge de manière à changer son comportement, et en amont sa propre réflexion, comprendre le pourquoi de ce que je citais plus haut dans le texte, apprendre à consommer raisonnable et juste pour ré-ajuster offre et demande, redistribution des énergies, désarmement, éducation humaniste, solidarité mondiale, respect de l'environnement, et comprendre individuellement que nous pouvons avoir une action bien tangible.
RépondreSupprimerAprès l'illégalité du boycott ? Elle ressort de la Loi. La polémique avait surtout surgit lorsqu'il avait été question dès 2005 de boycotter des produits d'Israel avec des plaignants qui évoquaient la discrimintation. Dans le Code Pénal, l'entrave à l'exercice d'une activité économique avait aussi servi de point d'appui à certains autres types de plaignants. Néanmoins les juges ont toujours estimé que l'entrave devait consister en un acte positif et non pas en une abstention. L'acteur du boycott semble donc pouvoir agir (il réalise une abstention). En revanche celui qui formule un appel au boycott (un acte positif) parait prendre des risques même s'il ne semble pas exister pour l'instant de jurisprudence dans ce sens !
;-)