Climat : les dirigeants mentent
Conférence sur le climat vers un accord à Lima titre le journal le Figaro. Au Pérou, la conférence climatique tente de jeter les bases du texte qui doit être signé dans un an à Paris. Depuis le 1er décembre, 195 pays sont réunis à Lima,
au Pérou, dans le cadre de la COP 20, la Conférence des parties de la
convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Objectif ...
Tracer les grandes lignes de l'accord mondial sur le climat espéré
lors de la prochaine conférence climatique, à Paris, en décembre 2015.
En fixant des objectifs contraignants de réduction des émissions de gaz à
effet de serre (GES) pour l'ensemble des pays du monde, ce texte doit
permettre de limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale à
2 °C par rapport à 1850, ère préindustrielle. Un seuil critique au-delà
duquel les perturbations climatiques seraient trop grandes, voire
irréversibles.
«Il y a encore une chance de rester sous le seuil des 2 °C (…) mais
la possibilité d'agir se réduit », a rappelé Ban Ki-moon, secrétaire
général de l'ONU. Vendredi matin, sous le soleil écrasant de la capitale
péruvienne, les négociations butaient encore. «Le G77, qui représente
plus de 130 pays en développement, exige que les pays industrialisés
prennent des engagements de réduction de leurs émissions effectifs avant
2020. Sans cela, les pays du G77 ne veulent pas se prononcer sur les
efforts qu'ils mettront eux-mêmes en œuvre à partir de 2020. L'Europe
pourrait revoir sa position sur ce point, mais des pays comme les
États-Unis ou l'Australie ne veulent pas en entendre parler. Ça n'avance
pas », expliquait avant la reprise des discussions Pierre Radanne,
membre du comité de pilotage de la prochaine COP.
"Si une fois les contributions proposées on se rend compte qu'on se
dirige vers une augmentation de 3,5 °C, il faudra bien que les pays
revoient à la hausse les efforts consentis pour arriver à la COP de
Paris avec des propositions appropriées."
À Lima, les négociations se sont largement focalisées sur les
modalités entourant les «contributions nationalement déterminées »: à
quels objectifs chacun est-il prêt à s'engager pour réduire ses
émissions, comment et quand? «L'idée est que les plus gros émetteurs,
les pays du G20, qui
représentent environ 90 % des émissions totales, rendent leur copie
avant le printemps. Il faudra que soit d'ici là mise sur pied une
méthode sérieuse d'évaluation, afin de juger si les propositions sont ou
non adaptées à l'objectif des 2 °C », explique Yannick Jadot,
député européen et membre d'Europe Écologie-Les Verts. «Si une fois les
contributions proposées on se rend compte qu'on se dirige vers une
augmentation de 3,5 °C, il faudra bien que les pays revoient à la hausse
les efforts consentis pour arriver à la COP de Paris avec des
propositions appropriées.»
Le financement climatique a aussi été âprement discuté tout au long
de la COP 20. Celui-ci permettra aux pays les plus pauvres de s'adapter
aux conséquences du changement climatique, mais aussi de mettre sur pied
un développement plus «vert ». Vendredi, 27 pays avaient promis de
financer le fonds vert pour le climat à hauteur de 10,2 milliards de
dollars (8,2 milliards d'euros). Chiffre jugé insuffisant au regard des
100 milliards promis en 2009, et des 250 à 500 milliards de dollars par
an dès 2050 évoqués la semaine passée dans un rapport de l'ONU… «Vu les
difficultés économiques, les pays tardent à s'engager. Si les pays les
plus pauvres savaient à quelles aides s'attendre et pour combien de
temps, ils seraient rassurés et on pourrait passer au-delà de certaines
difficultés », estime Yannick Jadot.
La conférence devait s'achever vendredi, mais les négociateurs s'attendent à rester jusqu'à samedi autour de la table.
A Lima, la conférence sur le climat ressemble à un jeu de dupes d'aprés NOËL MAMÈRE sur le portail Reporterre,
où les dirigeants font mine de vouloir un accord sans rien changer au
système qui détruit le climat. « Seule la convergence des luttes pour la
justice climatique et la justice sociale permettra d’exercer une
pression nécessaire pour changer la donne climatique. »
Une fois de plus, la Cop Climat de Lima risque de déboucher sur un
marché de dupes et de renvoyer à plus tard les décisions urgentes. Une
fois de plus chacun se lamentera de l’hypocrisie des pays développés
qui, côté cour, la main sur le cœur, font des déclarations d’intentions
louables et généreuses et, côté jardin, continuent comme avant leur
course effrénée à la croissance. Rien de nouveau sous le soleil.
Et ce n’est pas le volontarisme de façade de messieurs Hollande,
Valls et Fabius qui nous rassurera. Ils sont prêts à tout pour réussir « leur » conférence de Paris en 2015. Sauf à sacrifier l’essentiel : l’empreinte carbone de la France a augmenté de 15 % en vingt ans.
Contradiction totale
Et on ne voit pas ce qui dans la loi de transition énergétique votée à
l’automne, dans la suppression de l’écotaxe, dans le refus obstiné
d’une fiscalité écologique, permettrait à la France d’être le leader du
changement climatique.Les accords de libre-échange
avec le Canada et, demain, avec les Etats-Unis, que ce gouvernement
s’apprête à signer, vont dans le même sens : le contrôle par les
entreprises multinationales, notamment celles du pétrole, des échanges
internationaux et la déréglementation à tout-va en contradiction totale
avec l’idée d’un accord sur le climat qui suppose des contraintes.
De même, les pratiques de Total et d’Areva dans l’extractivisme, nous
confortent dans notre conviction que les négociations de 2015 (comme
celle de Copenhague en 2009), déboucheront sur un nouvel échec, déjà
programmé ces jours-ci à Lima.
Faut-il désespérer pour autant les centaines de milliers de manifestants de par le monde, le 20 septembre dernier, qui veulent « sauver le climat » ?
Non, bien sûr. Mais il ne faut pas les bercer avec de fausses
promesses. La lutte contre le dérèglement climatique passe par le rejet
des illusions liées aux fausses solutions proposées depuis le début de
ces conférences internationales des petits pas. Le marché des droits à
polluer a retardé la prise de conscience et la conclusion de véritables
accords entre le Nord et le Sud, tout en ouvrant un nouveau domaine aux
requins de la finance.
On ne « sauvera »
pas le climat sans changer le système, sans s’engager dans une
transition longue, vers la sobriété et l’efficacité énergétique, la
démocratisation des systèmes énergétiques et des énergies renouvelables,
l’agro-écologie paysanne, les biens communs, la souveraineté
alimentaire, la relocalisation des productions et des consommations, la
coopération avec les pays les plus pauvres pour qu’ils puissent
s’adapter aux politiques publiques de changement climatique.
Des centaines de milliards pour les banques, des miettes pour le climat
Les dirigeants des pays développés nous mentent quand, dans le même
temps, ils se lamentent sur le manque de financement d’une politique
cohérente sur le climat et détricotent la taxe financière sur les
échanges financiers internationaux.
Ils nous mentent quand, dans le même temps, ils trouvent des
centaines de milliards pour sauver les banques et ne veulent rien
débourser pour sauver l’humanité face à la dégradation de plus en plus
rapide du climat qui se manifeste déjà avec les tsunamis, les typhons,
les sécheresses, les inondations, le réchauffement des océans et la
fonte des glaces. Aucune partie du monde n’est épargnée.
Alors, oui, il faut continuer à se battre. L’heure n’est plus à
réclamer un grand soir du climat illusoire, mais à résister. Résister,
c’est refuser les grands projets inutiles avec les zadistes, refuser
l’extractivisme avec les peuples et la poursuite de l’exploitation des
gaz de schiste, refuser le développement des OGM avec les paysans du monde…
Résister mais aussi développer, partout où c’est possible, des
alternatives concrètes montrant que le changement du système viendra
d’en-bas et pas d’en-haut. Nous devons aujourd’hui globaliser ces
solutions réelles au changement climatique. Oui, le « système » est aujourd’hui le principal obstacle à la lutte contre la crise climatique.
Celle-ci condense les limites et les contradictions d’un modèle
d’organisation des sociétés écologiquement non viable et socialement
injuste et destructeur : la « modernité »
productiviste et capitaliste. C’est pourquoi seule la convergence des
luttes pour la justice climatique et la justice sociale permettra
d’exercer une pression nécessaire pour changer la donne climatique.
Source : Sans langue de bois
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