La nature pousse dans la maison
(ndlr) Parfois des conceptions d'architecture apparaissent indiscutablement si ce n'est au moins très plaisantes et esthétiques, vertes et écologiques au premier coup d'oeuil. Cela n'est peut-être pas tout à fait exact du point de vue de la mise en oeuvre mais le résultat est là et je me plais toujours à saluer ce type de projets par lesquels on aborde ici encore cette excellente politique des toits verts....
Treuillage de 800 grands arbres à l’aide
de grues, mais aussi de 5 000 arbustes et 11 000 plantes couvrantes,
lâchers de coccinelles, de papillons, installation de mangeoires pour
chauve-souris… Cela n’est pas un décor pour Avatar 2 – attendu sur les écrans fin 2016 –, mais bel et bien la mise en route du premier « immeuble forêt » du monde, le Bosco Verticale, inauguré il y a quelques semaines dans le quartier de Porto Nuova, à Milan.
Gageons que ces bâtiments seront un but de promenade tout trouvé pour les visiteurs de la cité lombarde, à l’occasion de l’Exposition universelle, le 1er mai prochain.
L’architecte italien Stefano Boeri – qui a niché l’équivalent d’un
hectare de végétation sur deux immeubles d’habitation de respectivement
80 et 112 mètres de hauteur – a déjà reçu pour son audacieux projet urbain l’International Highrise Award 2014 ou prix du gratte-ciel le plus innovant, décerné par le Musée d’architecture de Francfort (DAM). Ce dernier a salué, notamment, sa capacité à répondre « au besoin des humains de contact avec la nature ».
Une protection naturelle
En écologiste convaincu, Stefano Boeri, 58 ans, a osé imaginer une nouvelle relation du citadin à la verdure en intégrant cette dernière dans les habitations, tel un écosystème. Bosco Verticale
exploite à la fois l’énergie géothermique et solaire. Surtout, les
bâtiments usent des végétaux en alliés : les espèces, choisies pour absorber le CO2, sont censées fournir
aux habitants, à chaque saison, oxygène, ombre, humidité, et protection
contre la pollution sonore et les particules de poussière.
L’affaire
révolutionne tellement les esprits qu’une équipe de la chaîne anglaise
BBC a décidé de s’embusquer pendant deux ans dans une tour, en face de
Bosco Verticale, pour rendre compte de cette cohabitation des occupants avec leur rideau de verdure habité d’insectes… « Bosco
Verticale est le premier exemple au monde d’une tour qui renforce la
biodiversité végétale et faunistique de la ville qui l’accueille », s’est félicité son concepteur.
Ces poumons verts au cœur d’une mégapole de 7 millions d’âmes devraient inspirer d’autres capitales. A Paris, la maire, Anne Hidalgo, promet cent hectares de toits, murs et clôtures recouverts de végétaux pour 2020.
Table basse engazonnée par Emilie Wettstein
Tandis que les urbanistes et architectes tentent de faire entrer
la campagne dans la ville, les designers la glissent par petites
touches dans la maison. Banquette-pot de fleur (Volcane de Bellila),
table basse engazonnée (Emily Wettstein), jardinière en céramique « tête
en bas » du scandinave Boskke ou pépinière dans une suspension boule
(Alexis Tricoire) : les objets usuels se piquent de chlorophylle, comme
une invitation au voyage.
Avec son purificateur d’air Andrea à base de plantes, le designer Mathieu Lehanneur va plus loin. Il propose un « filtre vivant » contre la pollution, mis au point avec David Edwards de l’université d’Harvard, d’après une idée de la NASA, qui visait à protéger les astronautes d’un environnement saturé de polymères, lors des voyages spatiaux.
Une parfaite harmonie entre l’homme et la nature est encore à venir. « La prochaine révolution industrielle sera végétale, prédit l’ethnobotaniste Xavier Ormancey. Le végétal a longtemps été considéré comme un automate, répétant saison après saison des mécanismes relativement simples : bourgeons, fleurs, etc. Il y a une dizaine d’années, on a découvert qu’il ressent, communique, interagit… Il doit être reconsidéré comme un être doté d’une forme d’intelligence, avec lequel l’homme pourra engager une sorte de dialogue. D’ici à 2050, on peut envisager un homme augmenté par une relation au végétal plutôt que par de nouvelles technologies et des puces implantées dans le corps », précise cet expert, à la tête de la Recherche et développement des laboratoires de cosmétique végétale Yves Rocher depuis 2011.
Avec son purificateur d’air Andrea à base de plantes, le designer Mathieu Lehanneur va plus loin. Il propose un « filtre vivant » contre la pollution, mis au point avec David Edwards de l’université d’Harvard, d’après une idée de la NASA, qui visait à protéger les astronautes d’un environnement saturé de polymères, lors des voyages spatiaux.
Une parfaite harmonie entre l’homme et la nature est encore à venir. « La prochaine révolution industrielle sera végétale, prédit l’ethnobotaniste Xavier Ormancey. Le végétal a longtemps été considéré comme un automate, répétant saison après saison des mécanismes relativement simples : bourgeons, fleurs, etc. Il y a une dizaine d’années, on a découvert qu’il ressent, communique, interagit… Il doit être reconsidéré comme un être doté d’une forme d’intelligence, avec lequel l’homme pourra engager une sorte de dialogue. D’ici à 2050, on peut envisager un homme augmenté par une relation au végétal plutôt que par de nouvelles technologies et des puces implantées dans le corps », précise cet expert, à la tête de la Recherche et développement des laboratoires de cosmétique végétale Yves Rocher depuis 2011.
En plus de trois milliards d’années sur terre, les plantes, qui ne peuvent pas se déplacer, ni échapper
à leur environnement, ont développé des stratégies inédites
d’adaptation et de survie. Un certain nombre d’arbres, dont ceux de la
catégorie des Albizia, perçoivent par des variations des ondes dans le
sol l’approche d’un séisme.
Le lustre végétal du designer Alexis Tricoire
Solidarité végétale
D’autres arbres parmi les acacias savent prévenir leurs congénères de l’attaque d’antilopes koudous en émettant un signal sous forme d’éthylène, qui déclenche chez les arbres voisins une arme chimique : ils concentrent leur tanin dans les feuilles, les rendant « imbroutables ». Cette forme de solidarité végétale existe aussi sous terre, avec des informations transmises de radicelles en radicelles : on parle alors de « web végétal ».D’ores et déjà, certaines découvertes sont issues du biomimétisme, soit la transposition de mécanismes du vivant à notre manière de vivre. En observant le Lotus dont les feuilles restent propres et sèches en milieu humide, des chercheurs ont découvert à sa surface de petits picots sur lesquels les gouttes d’eau roulent sans stagner. Depuis, des vitres et des peintures autonettoyantes (Lotusan) ont été mises au point.
Aux Etats-Unis, un lierre solaire de la société SMIT part à l’assaut des façades pour produire de l’électricité : les feuilles qui s’agitent à la moindre brise sont tapissées de cellules photovoltaïques miniatures. A Nancy, on fait excréter par les racines de végétaux, cultivés hors-sol, des substances rares ou des médicaments. Plus besoin de couper, d’arracher, de tailler. Ces « plantes à traire » de la société PAT sont une vraie usine verte.
« On peut imaginer des maisons intelligentes non pas faites de végétaux morts, comme le bois, mais de murs végétaux qui dépolluent, de matériaux vivants qui évoluent, se développent, gérant l’humidité, la respiration, la nourriture de leurs habitants ! », s’enthousiasme Xavier Ormancey. Une vie en parfaite symbiose avec la nature, à la façon du peuple bleu de Pandora.
A lire aussi : Le design végétal vise autant le bien-être de l'homme que celui de la plante
Pour aller plus loin : Les « toits verts » se multiplient dans les villes françaises
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