Egalité de traitement dans les salaires quelque soit la fonction, les terres appartiennent uniquement à ceux qui les travaillent, économie solidaire et participative, démocratie participative, des maisons autoconstruites à 15 € par mois, des élus qui ne touchent pas de salaire pour leur fonction, 1200 € par mois pour tous (ils ne sont pas riches) mais 6 ou 8 heures de travail quotidien dans de bonnes conditions et une bonne qualité de vie, et un système qui fonctionne depuis plus de 35 ans. C'est néanmoins systématiquement le même argument que j'entends lorsque j'en parle autour de moi : ça reste une collectivité et ça marche parce que c'est une petite collectivité, encore des utopistes ! Et si cela pouvait quand même fonctionner et se développer ?
Je connaissais déjà le village et j'avais déjà lu que la commune était d'une gestion exemplaire mais j'ai voulu en savoir plus pour vous le partager, une crèche avec les repas à 12 € par mois, terrains et structures sportives gratuits et d'accès libres (sauf piscine à 5 € l'entrée), terrain de construction offert, l'argent des subventions (les mêmes que pour les autres villages d'Espagne) est géré comme par une famille (n'est-ce pas comme ça que cela se passe ailleurs ? devrait se passer ?) ...
Au final, Marinaleda n'est pas une utopie, c'est un village bien ancré dans la réalité, avec son drapeau, où il n'y a pas de police pour les 3000 habitants de la commune (parce qu'il n'y a pas de délinquance) et qui traverse les crises sans... la crise.
Marinaleda sur wikipedia pour en savoir plus
Bastamag (octobre 2014) nous en parle très bien dans les grandes lignes :
Une oasis coopérative dans un monde néolibéral : le village utopique de Marinaleda en Espagne
et aussi ici dans un article précédent du 28 février 2013
Andalousie : des centaines d’ouvriers se réapproprient des terres livrées à la spéculation
L'article du mois d'octobre trouvait sa source ( La transmission d'une utopie ) sur lutopik partenaire de Bastamag (voir au passage ici la liste très instructive des partenaires de Bastamag).
Un exemple mais des difficultés
Marinaleda est au moins un exemple pour prendre modèle en ce qui concerne la gestion des fonds publics même (et c'est logique) si le village n'est pas exempt de problèmes.
La difficulté qui semble se présenter aujourd'hui est celle de la reprise de ce mode de fonctionnement par les jeunes générations pour lesquelles le fonctionnement de ce village parait normal sans qu'ils n'aient pour autant conscience de l'enjeu et de la nécessité de leur investissement personnel.
Il y a beaucoup de professeurs qui viennent enseigner dans les écoles du village et qui ne sont pas partisans du modèle, des valeurs adoptés à Marinaleda.
Mon regret, la consommation responsable, l’impact
environnemental, l’éco-construction, l’autosuffisance énergétique et le
développement durable en général, semblent être encore loin des débats.
Aujourd'hui le village a le satellite et son site internet, La web official de Marinaleda.
Bien sur, Juan Manuel Sanchez Godillo le Maire depuis 1999 fait un peu figure de leader révolutionnaire anarchiste et fracassant mais l'actualité ne lui donne-t-elle pas raison ?
En 2012, près d’Osuna, non loin de Séville, les ouvriers agricoles du SAT s’emparent pendant une quinzaine de jours d’une propriété militaire de 1 200 hectares, délaissée et non cultivée. Il est bien entendu condamné, mais la lutte fait des émules : Dans la propriété de Somonte, une trentaine de jeunes ont bien entendu le message. Près de deux ans après la ocupación de mars 2012, ces jeunes ouvriers agricoles désœuvrés, issus des bourgades voisines, se sont installés, illégalement, sur ces terres à l’abandon, ensemençant 400 hectares d’avoine, d’orge, de haricots et de tournesol. Juan Manuel Borrego, 38 ans, celui qui conduit le tracteur, y voit un projet à long terme : «Avec la crise, des milliers de gens venant du BTP sont rentrés au village, sans formation, sans ressources, et ne demandent qu’à travailler la terre. Comme leurs pères et grands-pères. La terre, on s’y accroche quand on n’a plus rien d’autre. C’est une question de survie. Et ça, on le doit au SAT et à Sánchez Gordillo.»
Cité par Mariano Pradas (élu socialiste), Juan Manuel Sanchez Godillo, le barbu est cité :
«Avec ses méthodes autoritaires et son culte de la personnalité, les gens ont peur. Il a mis au point un système clientélisme dont il a le contrôle absolu. Si on le suit, tout va bien ; sinon, les pressions sont terribles. A mes yeux, il se conduit comme un classique andalou traditionnel. Nous, on approuve ses idées, mais pas ses méthodes...
«Avec ses méthodes autoritaires et son culte de la personnalité, les gens ont peur. Il a mis au point un système clientélisme dont il a le contrôle absolu. Si on le suit, tout va bien ; sinon, les pressions sont terribles. A mes yeux, il se conduit comme un classique andalou traditionnel. Nous, on approuve ses idées, mais pas ses méthodes...
Enfin, pour parler chiffre, le budget de Marinaleda se retrouve effectivement en équilibre. Pour autant le cas n'est pas unique et ma propre petite commune peut justifier aussi de cela avec même un bénéfice d'une centaine de milliers d'euros. Bien sur ici les habitants payent au prix fort leur habitat, mais quant à la qualité de vie, c'est peut être à voir et à mettre dans la balance le poids de la personnalité de Juan Manuel Sanchez Godillo...
Au 23 novembre dernier Juan Manuel Sanchez Godillo annonçait sur le Diario independente de las comarcas de Estepa y Osuna qu'il poursuivrait sa mission de Maire et qu'il ne rejoindrait pas le parlement andalou.
Alors que l'Espagne bat des records de chômage et d'expulsions, à Marinaleda, le chômage est à moins de 5% et tous les habitants sont propriétaires de leur logement contre un remboursement de quinze euros par mois. A la tête de ce village d'irréductibles, un maire qui est en train de devenir un exemple de rébellion pour des milliers d'Espagnols.
Un reportage de Michel Mompontet, Antoine Morel et Mathilde Rougeron.
Alors le modèle du village de Marinaleda est-il exportable ?
Publié par Dajaltosa
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