Le terrorisme pour les nuls d'Alain Bauer et Christophe Soulez
(ndlr) - Une série de textes qui prévoient et répriment des infractions en relation avec des ententes ou des groupements de délinquances organisées. Voila ce qui est prévu dans le droit et fait force de définition. Mais plus qu'une organisation parfaitement structurée comme sur un modèle étatique, personne n'est en mesure de comprendre précisément tout ce qui fait les rouages et les ententes exacts de l'ensemble de ces mouvements de révoltes ou de revendications. D'où la difficulté à lutter contre. Les Etats africains n'en ont pas les moyens (ou ne le veulent pas comme le Nigeria) tandis que nos sociétés occidentales empreintes de ménager leurs intérêts ne savent pas .....
Contrairement à ce que le titre de la collection peut laisser penser, Le terrorisme pour les nuls
d’Alain Bauer et Christophe Soulez (ed. First, 2014) est un livre
sérieux et documenté, véritable petite encyclopédie – mais plaisante à
lire – sur le terrorisme.
Pourquoi n’y a-t-il toujours pas d’accord sur la définition du terrorisme ?
En réalité, on est toujours le terroriste ou le résistant de son adversaire ou de son ennemi. La définition fait donc l’objet, y compris en France, de nombreuses circonvolutions et d’une absence totale de consensus international. La position française est assez pragmatique et large : « Constituent des actes de terrorisme, lorsqu'elles sont intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur, les infractions suivantes :
1°
Les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à
l'intégrité de la personne, l'enlèvement et la séquestration ainsi que
le détournement d'aéronef, de navire ou de tout autre moyen de
transport, définis par le livre II du présent code ;
2° Les
vols, les extorsions, les destructions, dégradations et détériorations,
ainsi que les infractions en matière informatique définis par le livre
III du présent code ;
3° Les infractions en matière de groupes de combat et de mouvements dissous définies par les articles 431-13 à 431-17 et les infractions définies par les articles 434-6 et 441-2 à 441-5 ;
4° Les infractions en matière d'armes, de produits explosifs ou de matières nucléaires définies par le I de l'article L. 1333-9, les articles L. 1333-11 et L. 1333-13-2, le II des articles L. 1333-13-3 et L. 1333-13-4, les articles L. 1333-13-6, L. 2339-2, L. 2339-5, L. 2339-8 et L. 2339-9 à l'exception des armes de la 6e catégorie, L. 2339-14, L. 2339-16, L. 2341-1, L. 2341-4, L. 2341-5, L. 2342-57 à L. 2342-62, L. 2353-4, le 1° de l'article L. 2353-5 et l'article L. 2353-13 du code de la défense ;
5° Le recel du produit de l'une des infractions prévues aux 1° à 4° ci-dessus ;
6° Les infractions de blanchiment prévues au chapitre IV du titre II du livre III du présent code ;
7° Les délits d'initié prévus à l'article L. 465-1 du code monétaire et financier.
Dès
lors, on pourrait poursuivre sur ces motifs une large partie des
conflits durs du travail (séquestration de dirigeants, menaces de
versements de produits toxiques, incendies volontaires, sabotages…).
Seul le discernement permet de ne pas aller trop loin. Mais d’autres
pays n’ont pas ces pudeurs….
Vous évoquez des notions nouvelles de « gangsterrorisme » et « lumpen-terrorisme ». Que recouvrent-elles ?
On
est passé, depuis la chute du mur de Berlin en 1989, d’un terrorisme
d’Etat ou contrôle par des Etats (essentiellement l’URSS et les
Etats-Unis) à une forme beaucoup plus décentralisée (ce qu’on croit
devoir appeler Al-Qaïda). En même temps, apparaissent des guérillas
dégénérées (les FARC en sont l’exemple le plus emblématiques qui passent
de la lutte politique armée avec impôt révolutionnaire à la criminalité
sous couvert d’action politique).
Puis, commencent à apparaître avec
Khaled Khelkhal ou le Groupe Dumont à Roubaix, des individus ayant plus
classiquement une culture criminelle se drapant dans l’action
terroriste. Mohammed Merah en est l’une des expressions. On assiste donc
à une très importante mutation des acteurs du terrorisme, cultivant des
engagements variés à la fois gangsterroristes (acteurs politiques dévoyés ou criminels déguisés) et lumpenterroristes (au sens défini par Karl Marx pour le lumpenprolétariat).
Vous avez des réticences sur le concept de « loup solitaire », pourquoi ?
Il
y en a. Mais les règles de définitions (américaines ou ethnologiques)
désignent un animal seul, exclu de la meute, et décidant par lui-même.
La plupart des loups solitaires médiatiquement désignés ne le sont pas.
Un envoyé spécial d’un média n’est pas un « journaliste solitaire ». Il
est simplement éloigné de sa rédaction.
A part Theodore Kaczinsky
(Unabomber), Anton Breivik ou Abdelhakim Dekhar, tous ceux qui on été
présentés comme tels (y compris les frères Tsernaev de Boston, étranges
loups solitaires en duo) étaient simplement en mission après une
formation et en entraînement à l’action. A défaut de servir à définir
des acteurs du terrorisme, le « loup solidaire » sert le plus souvent à
excuser la défaillance des Etats. Il faut noter à cet égard les efforts
des derniers ministres de l’Intérieur pour éviter la facilité.
Publié par Dajaltosa - Source : Institut de Relations Internationales et Stratégiques
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